Eugène Delacroix

Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix est né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice, 2 rue de Paris et est mort de la tuberculose le 13 août 1863, au 6 rue de Furstemberg à Paris.



Catégories :

Peintre français romantique - Peintre orientaliste français - Peintre orientaliste - Orientalisme - Artiste des Pyrénées - Naissance dans le département de la Seine - Naissance en 1798 - Décès en 1863 - Philhellène - Ancien élève de l'École nationale supérieure des beaux-arts

Eugène Delacroix
Autoportrait au gilet vert (1837)
Autoportrait au gilet vert (1837)
Naissance 26 avril 1798
Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne)
Décès 13 août 1863
Paris
Nationalité Français Drapeau de la France
Activité (s) Artiste-peintre
Maître Pierre-Narcisse Guérin
Mouvement artistique Romantisme
Œuvres connues La Mort de Sardanapale, La Barque de Dante, La Liberté guidant le peuple, Femmes d'Alger dans leur appartement, Scène des massacres de Scio
Influencé par Géricault, Gros

Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix est né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice[1] (Seine), 2 rue de Paris[2] (actuelle Grande Rue) et est mort de la tuberculose[3] le 13 août 1863, au 6 rue de Furstemberg à Paris. Il repose au cimetière du Père-Lachaise (division 49). C'est un peintre majeur du romantisme en peinture, apparu au début du XIXe siècle, en France.

Biographie

Ses origines familiales

Eugène Delacroix en 1858. Photo de Félix Nadar

La famille du peintre

Sa maison natale, une grande demeure bourgeoise du XVIIIe siècle, existe toujours. Inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, depuis 1973, elle a été transformée en bâtiment municipal en 1988 et abrite désormais la médiathèque de Saint-Maurice. Eugène Delacroix est le quatrième enfant de Charles Delacroix et de Victoire Œben.

Son père a été le secrétaire de Turgot (homme politique libéral) qu'il a suivi de Limoges à Paris. Député de la Marne, sous la Convention, il vote la mort du roi, comme le peintre David. Rallié à l'Empire, il devient préfet de Marseille en avril 1800, puis trois ans plus tard, en avril 1803, préfet de Bordeaux où il meurt le 4 novembre 1805. Sa mère, née en 1758, descend d'une famille d'ébénistes de renom les Œben. Son grand-père, le père de sa mère, Jean-François Œben est le célèbre ébéniste de Louis XV. Elle est aussi apparentée aux Riesener par le mariage de sa mère avec Jean-Henri Riesener. De cette seconde union est né Henri-François Riesener, peintre, demi-frère de Victoire et oncle d'Eugène Delacroix. Elle est morte le 3 septembre 1814[4], en le laissant dans un grand dénuement[5].

Portrait d'Henriette de Verninac par Jacques-Louis David (1799, Musée du Louvre)

Le couple a eu, au total, quatre enfants : trois garçons et une fille. Charles-Henri, l'aîné, est né le 9 janvier 1779 et a fait une très belle carrière dans les armées impériales. Promu maréchal de camp honoraire en 1815, il est démobilisé avec le grade de général (mais en qualité de demi-solde) [6]. Le second enfant, une fille, Henriette, est née en 1780 et est morte en 1827. C'est en 1797 qu'elle épouse Raymond de Verminac (1762-1822) [7], un diplomate. Elle recueille son frère en 1814, à la mort de sa mère. A la demande de son mari[8], David fait son portrait (Musée du Louvre), en 1799, dans une formule qu'il développe dans les dernières années de la Révolution, autrement dit le modèle assis, coupé aux genoux, sur un fond uni[9]. Son mari fait aussi sculpter par Joseph Chinard (1756-1813) son buste en Diane chasseresse préparant ses traits (1808, Musée du Louvre) [10]. Son second frère, Henri, est né en 1784 et est tué le 14 juin 1807, à la Bataille de Friedland. Le règlement de la succession maternelle ruine la famille Delacroix. Ce désastre engloutit toute la fortune des enfants (une propriété, acquise par la mère de l'artiste pour couvrir une créance, dû être vendue à perte).

Le père présumé de Delacroix

Une controverse[11] existe sur le fait qu'Eugène Delacroix aurait eu Talleyrand pour père biologique. Charles Delacroix, ministre des affaires extérieures en 1795, remplacé par Talleyrand le 16 juillet 1797, souffrait d'une tumeur maligne positionnée sur les parties génitales et un rapport médical indique l'ablation de celle-ci. Une brochure publiée en décembre 1797, par le chirurgien militaire Ange-Imbert Delonnes (1747-1818) sur l'opération de sarcocèle (tumeur charnue du testicule[12]) faite le 27 fructidor an V (13 septembre 1797), au citoyen Charles Delacroix, confirme les faits. Le bulletin indique que l'opération a été réussie et que le père de l'artiste a recouvré la faculté de procréer. Eugène Delacroix est né sept mois plus tard[13].

Maurice Sérullaz[14], historien d'art et mondialement reconnu comme le meilleur spécialiste de Delacroix, en parle dans la biographie qu'il consacra au peintre. Il rapporte que pour plusieurs historiens, ils existeraient «une certaine ressemblance physique et une même allure aristocratique», qui mettraient en évidence cette parenté[15]. Cependant, lui-même n'émet pas de certitudes à ce sujet. Talleyrand, l'homme qui a servi tant de gouvernements et de causes, est aussi reconnu comme l'un des protecteurs occultes de l'artiste[16]. Il aurait facilité l'achat, pour une somme de 6 000 francs[17], des Massacres de Scio, (présenté au Salon de 1824 et actuellement au Musée du Louvre), par le baron Gérard. Son ombre tutélaire couvre à travers Adolphe Thiers, dont il est le mentor. Grâce à Thiers, Delacroix obtient plusieurs commandes importantes, surtout la décoration du Salon du Roi, au Palais Bourbon, et une partie du décor de la Bibliothèque du Sénat, au Palais du Luxembourg.

Ses études et sa formation

Ses études

A la mort de son père, Eugène n'a que 7 ans. La mère et le fils montent alors à Paris[18]. En janvier 1806, ils habitent au 50 Rue de Grenelle[19]. D'octobre 1806 à l'été 1815, Delacroix fréquente un établissement d'élite, le Lycée Impérial (actuel lycée Louis-le-Grand) où il reçoit une bonne instruction. Ses lectures sont classiques : Horace, Virgile, mais également Racine, Corneille et Voltaire. Il y apprend le grec et le latin. Les nombreux dessins et croquis griffonnés sur ses cahiers attestent déjà de ses dons artistiques[20]. C'est au Lycée Impérial qu'il fait la connaissance de ses premiers confidents[21] : Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), Louis (1790-1865) et Félix (1796-1842) Guillemardet, et Achille Piron (1798-1865). Ils partagent sa vie de bohème et lui restent fidèles jusqu'à la fin de sa vie.

Il reçoit aussi une éducation musicale précoce, prenant des leçons avec un vieil organiste[2], qui adorait Mozart. Ce maître de musique, qui a remarqué les talents de l'enfant, recommande à sa mère d'en faire un musicien. Mais, la mort de son père en 1805 met fin à cette possibilté. Cependant, la musique occupera toute son existence. Toute sa vie, il continuera à participer à la vie musicale parisienne, recherchant la compagnie des compositeurs, des chanteurs et des instrumentistes : Paganini jouant du violon (1831, Collection Philipps de Washington) .

Sa formation

En 1815, son oncle, Henri-François Riesener, le fait entrer[22] dans le célèbre atelier de Pierre-Narcisse Guérin où il a pour condisciples Paul Huet, Léon Cogniet, Ary et Henry Scheffer, et Charles-Henri[23] de Callande de Champmartin. C'est aussi dans son atelier qu'il fait la connaissance de Théodore Géricault, de sept ans son aîné, qui eut une influence capitale sur son art[24]. Guérin leur enseigne les principes de la représentation néo-classique de l'ancienne école : primauté du dessin sur la couleur, retour à l'Antique, beauté des statues chères à l'Allemand Winckelmann[25], auteur de l'Histoire de l'art de l'Antiquité (1764) . Cependant, ce maître n'est pas complètement fermé aux idées nouvelles. Son enseignement est à la fois classique et libéral.

En mars 1816, Delacroix entre aux Beaux-Arts (aussi chez Guérin) où l'enseignement est moins onéreux qu'en atelier privé. Il y poursuit son apprentissage en privilégiant le dessin et la copie des maîtres. Grâce à sa carte de travail[26] qu'il prend le 13 juillet 1816, pour le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale, il copiera pendant plusieurs années, des manuscrits selon des recueils de costume du Moyen Âge. Ses résultats aux concours ainsi qu'aux examens de l'École des beaux-arts ne lui laissent pas espérer un séjour romain. En 1820, il tente le Prix de Rome et échoue à la première partie.

L'apprentissage de l'aquarelle et le voyage en Angleterre

Eugène Delacroix, Hamlet et Horatio au cimetière, (1835, Francfort)

C'est en 1816 que Delacroix rencontre Charles-Raymond Soulier[27] (1796-1838), aquarelliste amateur, revenu d'Angleterre et influencé par les artistes anglais, surtout Copley Fielding (1787-1855) dont il est un ancien élève[28]. Grâce à cet ami ainsi qu'à Richard Parkes Bonington[29], Delacroix se familiarise avec l'art de l'aquarelle, une technique assez peu connue en France, qui le libère ainsi du carcan académique enseigné aux Beaux-Arts. Charles Soulier lui enseigne aussi les rudiments de la langue anglaise.

De mai à août 1825[30], il effectue un voyage en Angleterre où il découvre le théâtre de Shakespeare[31], en assistant aux représentations de Richard III, Henri IV, Othello, Le Marchand de Venise et La Tempête avant qu'une troupe anglaise se déplace à Paris, deux ans plus tard (le 9 septembre 1827) [32]. Il assiste aussi à une adaptation audacieuse du Faust (1773-1790) de Gœthe (1749-1832). Pour Delacroix, la littérature et le théâtre seront une source importante d'inspiration, tout au long de sa carrière : Hamlet et Horatio au cimetière (1835, Francfort) et Hamlet et les deux fossoyeurs (1859, Musée du Louvre) . Ces nouveaux sujets se mêleront jusqu'à sa mort aux thèmes orientaux, historiques ou religieux. À partir de ce voyage, la technique de l'aquarelle prend une importance dans son œuvre et la fréquentation de ses amis anglais, surtout les frères Fielding, lui permette de mieux en maîtriser les subtilités. Elle lui sera d'une grande aide[33] lors de son voyage en Afrique du Nord pour pouvoir en restituer l'ensemble des couleurs.

Les débuts de la carrière de Delacroix

Ses débuts en peinture (1819-1821)

En 1819, Delacroix aborde pour la première fois la décoration avec la salle à manger de l'hôtel spécifique de M. Lottin de Saint-Germain, localisé dans l'Île de la Cité. Les dessus de porte, qu'il exécute dans le Style pompéien, seront terminés avant mars 1820. De cet ensemble, actuellement disparu, il ne reste que les dessins et projets, personnages, scènes allégoriques ou mythologiques, déposés au Musée du Louvre.

Il exécute aussi le décor de la salle à manger de l'hôtel spécifique que le tragédien Talma[34] se faisait construire[35], au 9 rue de la Tour-des-Dames, à Montmartre. Cette décoration lui a été confiée en 1821 et a pour sujet : les quatre saisons en dessus de porte, dans le style gréco-romain dont l'inspiration vient des fresques d'Herculanum, comme auparavant pour celles de M. Lottin. Le Louvre a en sa possession un certain nombre de dessins préparatoires et de projets, le reste étant conservés dans une collection spécifique à Paris.

Ses premiers tableaux de chevalet sont deux retables religieux[36], inspirées des peintres de la Renaissance :

La révélation d'un talent (1822-1824)

La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux Enfers
Eugène Ferdinand Victor Delacroix 006.jpg

Eugène Delacroix, 1822
Huile sur toile
189 × 242 cm
Musée du Louvre, Paris

En 1822, Delacroix, désireux de se faire un nom dans la peinture et de trouver une issue à ses difficultés financières, se présente pour la première fois au Salon officiel, avec La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux Enfers que l'État achète pour 2 000 francs au lieu des 2 400 francs[39] demandés par le peintre. Les réactions de la critique sont vives, ou alors virulentes, comme celles d'Etienne-Jean Delécluze, défenseur de l'école davidienne[40], qui parle d'une «vraie tartouillade»[41], dans le Moniteur du 18 mai. Cependant, Adolphe Thiers, jeune journaliste, rédigé dans Le Constitutionnel du 11 mai, un article élogieux qui parle de «l'avenir d'un grand peintre»[41]. Quant à Jean-Antoine Gros, qui admire La Barque de Dante, il qualifie le peintre de «Rubens châtié».

Ayant défini son sujet particulièrement tardivement (à la mi-janvier) [42], Delacroix doit travailler dans l'urgence afin d'être prêt pour exposer au Salon Officiel, dont l'inauguration est le 24 avril. Pour cela, il utilise des vernis qui, en donnant la possibilité un séchage plus rapide des couleurs, compromettent la conservation de sa toile. Les couches sombres sous-jacentes en séchant plus vite que les couches claires en surface provoquent d'énormes craquelures et gerçures [43]. Particulièrement attaché à ce tableau, il fini par obtenir, en février 1860, l'autorisation de le restaurer lui-même[44]. En agissant ainsi, il veut prouver qu'il est un vrai peintre, en montrant qu'il maîtrise les différentes parties de son art : le nu, le drapé, l'expression.

Le thème, tiré du chant VIII de l'Enfer de Dante, est inédit[45] pour l'époque. La connaissance superficielle[46], que ses contemporains ont de l'œuvre de Dante, fontt qu'ils illustrent toujours les mêmes épisodes : l'histoire d'Ugolin (Enfer, Chant XXXIII), Paolo et Francesca (Enfer, Chant V), et La Barque de Charon (Enfer, Chant III). La nouveauté de Delacroix s'exprime par conséquent par le choix du sujet et par le format utilisé, pour cette peinture à sujet littéraire. Jusqu'désormais, ce format était réservé pour des peintures à sujets religieux ou mythologiques.

Pour ce tableau, les influences sont multiples. Il faut en premier lieu noter celle du Radeau de la Méduse (1819, Musée du Louvre) de Géricault : une vue de gros plan, une embarcation, des flots déchaînés. Si la critique signale des ressemblances entre La Barque de Dante et l'œuvre de Géricault, c'est pour mieux en dimininuer l'importance[47]. Par la suite, c'est l'emprise de Michel-Ange (1475-1640) qui apparaît avec les musculatures imposantes[48] des damnés (rappelant l'un des Deux Esclaves du Louvre) et de la femme (dérivée d'un prototype masculin). Celle de l'Antique vient après : la figure de Phlégyas, le nocher, chargé de conduire Dante et Virgile jusqu'à la ville infernale de Dité, renvoie au Torse du Belvédère (IVe av. J-C, Musée Pio-Clementino à Rome). Et pour finir, il faut aussi parler de l'influence de Rubens, avec les naïades du Débarquement de Marie de Médicis à Marseille (1610, Musée du Louvre), dont il s'inspire pour la coloration, par petites touches de couleurs pures superposées, des gouttes d'eau sur les corps de damnés. D'ailleurs, il en a fait une esquisse : Torse d'une sirène, selon le Débarquement de Marie de Médicis (Kunstmuseum de Bâle) [49].

C'est sous l'influence de Géricault[50] et les encouragements de Gros[51] que dans les années 1820, Delacroix s'intéresse aux chevaux et multiplie les études selon nature. À la date du 15 avril 1820, il note dans son journal : «Il faut totalement se mettre à faire des chevaux. Aller dans une écurie l'ensemble des matins ; se coucher de très bonne heure et se lever de même». Pour cela, il s'établit un véritable programme d'étude comprenant des visites dans les écuries ou au manège. La constitution de cette encyclopédie[52] lui servira pour ses futurs tableaux.

Théodore Géricault, dont Delacroix fait la connaissance dans l'atelier de Guérin a eu une influence importante, en particulier au début de sa carrière[53]. Il lui emprunte sa manière de peindre : de forts contrastes d'ombres et de lumières donnant du relief et du volume aux modèles. Il utilise aussi certaines de ses couleurs : des vermillons, des bleus de Prusse, des bruns, des blancs colorés[54]. L'un des sommets de sa première manière est : L'Assassinat de l'évêque de Liège (1831, Louvre) . L'Officier turc[54], enlevant sur son cheval l'esclave grec Des Massacres de Scio (1824, Musée du Louvre) est surtout inspiré de L'Officier de chasseur à cheval (1812, Musée du Louvre) de Géricault. Lorsque ce dernier meurt le 26 janvier 1824, Delacroix devient malgré lui[55] le chef de file du Romantisme.

Les Scènes des Massacres de Scio
Eugène Delacroix - Le Massacre de Scio.jpg

Eugène Delacroix, 1824
Huile sur toile
417 × 354 cm
Musée du Louvre, Paris

Les Massacres de Scio, que Delacroix présente en 1824 au Salon Officiel, obtient la médaille de seconde classe. Il est acquis 6 000 francs[56], par l'État, pour être exposé ensuite au Musée du Luxembourg. La toile s'inspire d'un fait d'actualité : le massacre de la population de l'Île de Chio par les Turcs, survenu en avril 1822. Dès cette date, Delacroix a l'idée de peindre un tableau sur ce thème qu'il abandonne au profit de La Barque de Dante[57]. Les costumes orientaux que Jules-Robert Auguste (1789-1850), dit M. Auguste, lui prête pour l'élaboration de son tableau, proviennent de la collection qu'il ramena de ses voyages, en Orient. Delacroix put aussi effectuer des recherches iconographiques à La Bibliothèque Nationale. Un carnet, conservé aux Départements des Arts graphiques du Musée du Louvre et utilisé vers 1820-1825, mentionne la consultation d'un ouvrage de Claude-Étienne Savary (1750-1788), Lettres sur la Grèce, édité en 1788 mais aussi des croquis effectués selon le livre de Rosset, Mœurs et coutumes turques et orientales dessinés dans le pays, en 1790[58].

M. Auguste, ancien sculpteur devenu aquarelliste et pastelliste, a rapporté de ses voyages en Grèce, Egypte, Asie Mineure et Maroc[59] de remarquables études et toutes une série d'objets : étoffes, costumes, armes et bibelots divers. Il est reconnu comme l'initiateur de l'Orientalisme, en France[60]. Son influence sur Delacroix et son art est particulièrement forte[61], en particulier entre 1824 et 1832, date de son voyage en Afrique du Nord. C'est avec des œuvres, comme Les Massacres de Scio et le La Grèce sur les ruines de Missolonghi (1826, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux) , l'ensemble des deux tirés d'évènements contemporains, que Delacroix participa au mouvement philhellène. Dans un premier temps, ce sont les poètes, qui se sont enflammés les premiers[62], pour la cause grec :

Son tableau fut durement accueilli par les critiques, par la majorité des artistes et par le public[63]. Quoique Gros ait apprécié La Barque de Dante, il jugea Les Massacres de Scio, avec sévérité, en affirmant qu'il s'agissait du «Massacre de la peinture !». Certains critiques, tout en signalant l'influence des Pestiférés de Jaffa de Gros, écrivirent qu'il avait «Mal lavé la palette de Gros». Cependant, Delacroix eut aussi des défenseurs. Dans Le Constitutionnel, Thiers écrivit : «M. Delacroix […] a prouvé un grand talent, et il a levé des doutes en faisant succéder le tableau des Grecs à celui de Dante»[64]. En réalité, ce que ses détracteurs lui reprochent, c'est sa manière de peindre, sa négligence vis-à-vis du dessin, d'où l'emploi du mot «tartouillade» par Delécluze en 1822 et les remontrances d'Anne-Louis Girodet sur ce sujet.

En effet, c'est à dessein que Delécluze emploie ce mot car selon Le Littré, il signifie : «En langage d'atelier, peinture d'une exécution particulièrement lâchée, et dans laquelle la composition et le dessin sont totalement sacrifiés à la couleur». Cependant, Delacroix n'a pas eu que des détracteurs. Tout au long de sa carrière, il a pu bénéficier du soutien indéfectible de Thiers qui lui apporta son appui, de Théophile Gautier (1811-1872) et de Charles Baudelaire (1821-1867) qui lui consacra un poème[65], Les Phares (VI, Les Fleurs du Mal) et un de ses salons, celui de 1846 (IV, Mes Salons).

Le peintre présente aussi trois autres tableaux au Salon : Tête de vieille femme (Musée des Beaux-Arts d'Orléans) et Jeune orpheline au cimetière (Musée du Louvre) , et hors catalogue, Le Tasse dans la maison des fous (collection spécifique) . Entre 1823 et 1825, il peint plusieurs tableaux de Grecs en costume de palikares (soldats grecs combattant lors de la Guerre d'indépendance contre les Turc) et des Turcs, dont certains ont pu être utilisés pour Les Massacres de Scio. Lors du Salon Officiel, Delacroix eut l'occasion de voir des peintures de John Constable que son marchand Arrowssmith présentait, surtout La Charrette à foin (1821, National Gallery de Londres) [66], récompensée par la médaille d'or. Une anecdote veut qu'après avoir vu cette toile, il décida de refaire le ciel des Massacres de Scio, après en avoir demandé la permission au comte de Forbin (1777-1841), directeur des musées[67].

La période de Maturité

Les années romantiques (1825-1831)

Durant son voyage en Angleterre, qui s'est déroulé de mai à août 1825, Delacroix a visité Hampstead et l'Abbaye de Westminster, dont il s'est inspiré pour l'Assassinat de l'évêque de Liège (1831, Musée du Louvre) . Il a rencontré Sir David Wilkie (1785-1841) [68], peintre d'histoire, de genre et de portrait mais aussi Thomas Lawrence (1769-1830), qu'il a pu voir dans son atelier. Il a été particulièrement influencé par son style et ses portraits qu'il admirait énormément. Il s'est inspiré du portrait de David Lyon (vers 1825, Musée Thyssen-Limitemisza) de Lawrence, pour celui du baron de Schwiter (1826-1830, National Gallery de Londres) . C'est dans les années 1820 que Delacroix, de sept ans son aîné, croise pour la première fois, chez son ami Jean-Baptiste Pierret, Louis-Auguste Schwiter (1805-1889). Ils furent des amis particulièrement proches[69] et l'ensemble des deux, de grands admirateurs du portraitiste anglais. Il rend aussi visite au Dr Samuel Rush Merrick, un antiquaire particulièrement connu[70] pour sa particulièrement belle collection d'armes et d'armures, dont il fait des études, en compagnie de Richard Parkes Bonington qu'il avait revu à Londres[71]. Les deux hommes partageaient les mêmes goûts pour le Moyen Âge, d'où les études communes qu'ils firent ensembles : plusieurs feuilles leur ayant été successivement imputées l'un à l'autre.

C'est à partir de 1826 que Delacroix fréquente Victor Hugo et son cénacle[72]. Tout d'abord, un premier groupe se forme autour de deux représentants de la littérature officielle : Charles Nodier et Alexandre Soumet (1788-1845). Ce premier cénacle se réunit dans un premier temps dans l'appartement de Nodier, rue de Provence puis à l'Arsenal où il avait été promu bibliothécaire[73]. Leur intérêt commun pour le Moyen Âge donnera naissance au «style troubadour» : Ingres et Delacroix ont l'un et l'autre réalisés des peintures de petit format dans ce style.

En parallèle et dés 1823, les amis de Hugo se groupent autour du poète, formant une sorte d'école. De plus en plus nombreux, ce second groupe forme à partir de 1828 et en 1829 le second cénacle : Hugo devenant le chef de file du mouvement romantique. Les membres du premier cénacle se rallieront à eux. C'est en 1830 que les rapports entre Delacroix et Hugo se détériorent : le poète lui reprochant son manque d'engagement vis-à-vis de la cause romantique[74].

Le 25 avril 1826, Missolonghi, bastion de la résistance grecque, est prise par les Turcs. Une exposition est organisée le 24 mai, à la Galerie Lebrun, 4 rue du Gros-Chenet[75] pour récolter des fonds pour soutenir leur cause. Delacroix y présente en premier lieu Le Doge Marino Faliero (Wallace collection de Londres) , Don Juan et Un officier tué dans les montagnes, qu'il remplace en juin, par Le Combat du Giaour et d'Hassan et en août, par La Grèce sur les ruines de Missolonghi (Musée des Beaux-Arts de Bordeaux) . Il s'agit pour le peintre d'alerter l'opinion publique tandis que le gouvernement français prône la neutralité. Pour cette allégorie de La Grèce, il s'inspire des Victoires Antiques et de la figure mariale (avec son manteau bleu et sa tunique blanche). Ce tableau rappelle la mort de Byron, le 19 avril 1824 à Missolonghi, et le courage et la témérité de Marcos Botzaris (1788-1823), qui a lui-aussi été tué à Missolonghi. Hormis Victor Hugo, les critiques étaient déroutés par cette interprétation du sujet qui les laissait perplexes.

Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale (détails) (1827-1828, Musée du Louvre).

Au Salon officiel de 1827-1828, Delacroix expose plusieurs œuvres, dont La Mort de Sardanapale (Musée du Louvre) , unanimement rejeté par les critiques. Pourtant, par ses références à l'art du passé, par la multiplicité de ses sources d'inspiration et par le choix de son thème dans l'Orient ancien, Delacroix n'a nullement voulu choquer ses pairs mais plutôt les convaincre de son génie. Mais, les insultes fusent de partout. Dans Le Quotidien, il est question d'un «ouvrage bizarre» (24 avril). Pour La Gazette de France, c'est le «plus mauvais tableau du Salon» (22 mars). Quant à Etienne-Jean Delécluze, il en rajoute en affirmant, dans Le Journal des débats, qu'il s'agit d'une «erreur de peintre» (21 mars) [76].

Le déchaînement suscité par la présentation de son tableau gêne ses amis, qui n'interviennent pas pour le défendre. Victor Hugo, en effet, ne prend pas publiquement son parti. C'est uniquement dans une lettre du 3 avril 1828, adressé à Victor Pavis, qu'il manifeste son enthousiasme pour La Mort de Sardanapale, en écrivant[77] : «Ne croyez pas que Delacroix ait failli. Son Sardanapale est une chose magnifique et si gigantesque qu'elle échappe aux petites vues […]». Le peintre est aussi victime des bons mots des humoristes, qu'il n'apprécie pas, malgré son goût pour les calembours[78]. Le surintendant des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld (1785-1864) l'invite même à «changer de manière». Ce qu'il refuse catégoriquement. La violence de ces attaques va précipiter sa brouille avec le mouvement romantique et l'éloigner pendant cinq ans des commandes publiques.

Comme autre participant au Salon, il faut aussi citer Ingres, avec L'Apothéose d'Homère (Musée du Louvre) . Ce dernier avait déjà exposé, au Salon de 1824, Le Vœu de Louis XIII (Cathédrale de Montauban). Jean-Auguste-Dominique Ingres, représentant du peintre néo-classique par excellence, sera le grand rival[79] de Delacroix, pendant toute sa vie. À travers ces deux artistes, c'est deux conceptions de la peinture diamétralement opposés qui s'affronte : le disegno (dessin) et le colorito (couleur). Avec L'Apothéose d'Homère (Musée du Louvre) d'Ingres et La Mort de Sardanapale (Musée du Louvre) de Delacroix, les deux artistes affirment leurs doctrines. La fameuse querelle du coloris des années 1670, qui opposa jadis les Rubénistes et les Poussinistes, partisans de la couleur et de la ligne, était toujours vivace au XIXe Siècle.

Eugène Delacroix, La Nature morte aux Homards (1826-1827, Musée du Louvre)

Après cet échec cuisant, Delacroix va conserver son tableau, dans son atelier jusqu'en 1844, date à laquelle il se décide de le mettre en vente. En 1845, il trouve un acquéreur en la personne d'un collectionneur américain, John Wilson, pour une somme de 6 000 francs[80]. Le Salon de 1827-1828 est avec l'Exposition Universelle de 1855, la manifestation principale pour Delacroix, par le nombre de toiles présentées. En deux envois[81], il expose dans un premier temps :

Puis, ensuite ce sera :

En 1828, Charles Motte, éditeur rue des Marais, publie Faust, la tragédie de Gœthe (1749-1832)  : celle-ci a été traduite par Philippe Albert Stapfer (1766-1840) et illustrée d'une suite de 17 lithographies (1827-1828), par Delacroix. De Weimar, dans une lettre adressée à son ami Johann Peter Eckermann (1792-1854), Gœthe est enthousiasmé par le travail du peintre et estime qu'il a bien su retraduire les scènes qu'il avait imaginées[82].

Eugène Delacroix, Quentin Durward et le Balafré, (vers 1828-1829, Musée des Beaux-Arts de Cæn)

C'est après la visite de Charles X à Nancy que Delacroix reçoit, le 28 août 1828, une commande du Ministre de l'intérieur. Il s'agit de La Mort de Charles le hardi ou Le Téméraire, plus fréquemment nommé La Bataille de Nancy (Musée des Beaux-Arts de Nancy) , que le roi veut offrir à la ville de Nancy[83] et qui ne sera terminé qu'en 1831, et ne sera exposé au Salon qu'en 1834[84]. Sa disgrâce n'a par conséquent pas duré longtemps[85]. Grâce à la protection de la famille royale, Delacroix reçoit en décembre 1828 ou en janvier 1829, la commande de deux peintures pour la duchesse de Berry (1798-1870), veuve de l'héritier du trône légitimiste : Quentin Durward et le Balafré (vers 1828-1829, Musée des Beaux-Arts de Cæn) et La Bataille de Poitiers, dit aussi Le Roi Jean à la bataille de Poitiers (Musée du Louvre) , qui ne seront achevés qu'en 1830[86].

Eugène Delacroix, L'Assassinat de l'évêque de Liège, (1830, Musée du Louvre).

A la demande du duc Louis-Philippe d'Orléans (1775-1850), Delacroix peint un tableau de grande dimension 420x300 cm pour sa galerie historique, au Palais Royal[87]. Il s'agit de Richelieu disant sa messe (1828) ou Le Cardinal de Richelieu dans sa chapelle au Palais-Royal, détruit durant La Révolution de 1848 et dont il ne reste qu'une lithographie de Ligny figurant dans l'Histoire du Palais Royal par Jean Vatout (1830?) [88].

En janvier, il le sollicite de nouveau pour un autre tableau[89] inspiré de Walter Scott (1771-1832), l'Assassinat de l'évêque de Liège (Musée du Louvre) , dans un premier temps présenté à la Royal Academy en 1830, ensuite au Salon officiel de 1831 et enfin à l'Exposition Universelle de 1855 à Paris ainsi qu'à celle de Londres en 1862. Une anecdote circule au sujet de ce tableau, concernant une nappe blanche, point capital de cette scène, que Delacroix avait du mal à peindre. En dessinant un soir chez son ami Frédéric Villot (1809-1875), le peintre se serait fixer un ultimatum, en déclarant : «Demain j'attaque cette maudite nappe qui sera pour moi Austerlitz ou Waterloo». Et ce fut Austerlitz [90]. Pour la charpente de la voûte, il s'était inspiré de croquis faits au Palais de justice de Rouen et du vieux hall de Westminster qu'il avait visité durant son séjour à Londres.

C'est à partir de 1830 que Delacroix commence à écrire, comme critique d'art, cinq articles pour La Revue de Paris, fondée en 1829 par le docteur Véron (1798-1867) [91]. Le premier de ses articles, consacré à Raphaël (1483-1520), paraît en mai et le deuxième, sur Michel-Ange (175-1564), en juillet[92]. Dans ces deux articles, il y exprime son admiration pour ces deux artistes, qui ont eu une grande influence sur son œuvre. Ce qui lui permet aussi d'y exposer ses propres convictions esthétiques.

Les journées du 27, 28 et 29 juillet 1830 ont lieu les évènements, qui devaient précipiter la chute de Charles X (1757-1836) et propulser au pouvoir, Louis-Philippe (1773-1850). Sur les trois concours organisés le 30 septembre, par le nouveau gouvernement[93], pour la décoration de la Salle des séances, dans la nouvelle Chambre des Députés, au Palais Bourbon, le peintre se présente aux deux derniers. Les sujets proposés sont :

Delacroix se voit préférer N. A. Hesse (1795-1869), élève de Gros (1771-1835), pour Mirabeau et Jean-Baptiste Vinchon (1787-1855) pour Boissy d'Anglas (1756-1826). Le jury se compose de Guérin (1774-1833), Gros et Ingres (1780-1867). Cette injustice est récupérée par Achille Ricourt (1798-1874), écrivain et journaliste, fondateur de L'Artiste, une grande revue d'art, pour la défense de la cause romantique. Louis Boulanger y rédigé un article sur «Un des Cinquante Boissy d'Anglas» : «Mon peintre, c'est Delacroix. Tout cela vit, tout cela se meut, se tord et accélère le mouvement du sang dans vos artères … C'est l'accent de la nature saisi dans ce qu'il a qui plus est inattendu, qualités précieuses, qui seules révèlent le grand peintre, mais qui malheureusement le révèlent trop fréquemment à un trop petit nombre»[94].

La longue lettre, intitulée «Lettre sur les concours» que Delacroix avait adressé le 1er mars 1831, a été aussi publié par la revue[95], afin d'accentuer la controverse[96]. C'est un violent réquisitoire contre les concours, opposant les médiocres, aux Rubens, aux Raphaël, aux Hoffmann[97], sur un ton plein d'ironie. L'esquisse qu'il avait réalisée pour le deuxième sujet, intitulée Mirabeau devant Dreux-Brézé (1830) , est actuellement exposée au Musée National Eugène-Delacroix[98].

La Liberté guidant le peuple
Eugène Delacroix - La liberté guidant le peuple.jpg

Eugène Delacroix, 1830
Huile sur toile
260 × 325 cm
Musée du Louvre, Paris

En 1831, Delacroix présente au Salon officiel, qui avait ouvert ses portes, cette année-là, le 14 avril La Liberté guidant le peuple. Le tableau, répertorié au no 511 du catalogue du Salon, est intitulé Le 28 juillet ou La Liberté guidant le peuple (titre qu'il conservera ensuite). Il l'a peint afin d'effacer des mémoires son précédent échec au salon de 1827 et pour s'attirer les bonnes grâces du nouveau pouvoir, et bénéficier ainsi de nouveau des commandes publiques. Il a été acquis pour une somme de 3 000 francs par Louis-Philippe[99] afin d'être exposé au Musée Royal, alors au Palais du Luxembourg.

Sa peinture n'y est présentée que quelques mois, de peur que son sujet encourage les émeutes. Elle est en premier lieu mise dans les réserves par Hippolyte Royer-Collard[100], directeur des Beaux-Arts, ensuite reprise par Delacroix, dés 1839, avec l'autorisation de François Cavé, son successeur et exposé de nouveau en 1848[101]. Cependant, quelques semaines plus tard, il est invité à la reprendre. Grâce à Jeanron, directeur des Musées ainsi qu'à Frédéric Villot, conservateur au Musée du Louvre, La Liberté guidant le peuple rejoint les réserves du Musée du Luxembourg[102]. Avec l'accord de Napoléon III, elle sera exposée à l'Exposition Universelle de 1855. Ce n'est qu'en novembre 1874, qu'elle est déplacée d'une manière définitive, pour être exposée en permanence au Musée du Louvre[103].

Son sujet est lié aux combats de rues, qui se sont déroulés durant les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet, dites aussi «Les Trois Glorieuses». La figure de La Liberté, représenté par une jeune-femme à la poitrine nue, coiffé d'un bonnet phrygien, tenant un drapeau tricolore (bleu et rouge, aux couleurs de Paris, et blanc, au couleur du Roi) est accompagnée par un enfant des rues, positionné à sa droite et par un jeune-homme à la redingote, coiffé d'un haut de forme et tenant une espingole (fusil tromblon à deux canons parallèles[104]), positionné à sa gauche. La légende veut que ce jeune homme représente Delacroix et qu'il ait participé aux évènements.

Or, plusieurs éléments réfutent ces faits : le témoignage d'Alexandre Dumas[105], les convictions politiques du peintre (fervent bonapartiste). Il aurait tout au plus été enrôlé dans la garde nationale[106], qui avait été restaurée le 30 juillet 1830 après avoir été supprimée en 1827[107], pour garder le trésor de la couronne, (d'ailleurs déjà au Louvre). Pour Lee Johnson (expert britannique et spécialiste de Delacroix) [108], il s'agirait plutôt d'Étienne Arago (1802-1892), ardent républicain, directeur du Vaudeville de 1830 à 1840[109]. C'était déjà la figure politique à laquelle Jules Claregie avait pensé, en 1880[110]. Quant à l'enfant des rues, il aurait inspiré Victor Hugo (1802-1885) pour son personnage de Gavroche[111], des Misérables, publiés en 1862[112].

Le tableau reçoit un accueil modéré de la part de la critique. Cependant, Delécluze s'est montré compréhensif[113] envers lui, en écrivant dans Le Journal des Débats, du 7 mai : «… Ce tableau peint avec verve, coloré dans plusieurs de ses parties avec un rare talent, rappelle particulièrement la manière de Jouvenet …». Certains critiques ont appréciés son tableau[114]. Mais, d'autres trouvent que la représentation de La liberté est intolérable. Celle-ci est la cible des qualificatifs les plus vulgaires : «poissarde, fille publique, faubourienne». C'est son réalisme qui dérange : la nudité de son torse, la pilosité des aisselles[115].

Son absence, pendant des années des cimaises du musée, en fait une œuvre emblématique, une icône républicaine, qui servira d'affiche à la réouverture en 1945, du Musée du Louvre[116] et ornera l'ancien billet de 100 Francs[117]. Le sculpteur François Rude s'en inspirera pour son Départ des volontaires, figurant sur l'arc de triomphe de Paris[118] et en 1924, le peintre, Maurice Denis, reprendra ce sujet pour orner la coupole du Petit Palais, consacré à l'art romantique et réaliste.

Les querelles, qui opposent les classiques et les romantiques ou modernes, agacent énormément Delacroix. Le 27 juin 1831, il rédigé au peintre Henri Decaisne (1799-1852), membre comme lui de la Société libre de peinture et de sculpture, fondée le 18 octobre 1830, afin d'adopter une stratégie commune face à l'influence puissante de la Société des Amis des Arts, proche de l'Institut (créée en 1789 et ressuscitée en 1817). Sur les conseils de Decaisne, il contacte Auguste Jal (1791-1873), critique d'art important pour qu'il défende leur cause dans Le Constitutionnel. Dans une longue lettre qu'il adresse alors à M. d'Agoult, ministre de l'intérieur de l'époque, afin d'exposer leurs griefs et de signaler les dangers de séparer les artistes «officiels», des autres, d'un talent fréquemment plus grand. D'autre part, en septembre 1831, Delacroix obtient la Légion d'honneur. Ce qui est un début de reconnaissance officielle[119].

Le voyage en Afrique du Nord et en Espagne (fin janvier à juillet 1832)

Eugène Delacroix, Étude d'arabe assis.

C'est à la mi-octobre 1831 que Louis-Philippe informe Charles-Edgar comte de Mornay (1803-1878) de sa mission auprès de Moulay Abd er-Rahman (1778[120]-1859), chef chérifien du Maroc[121]. Il s'agit de porter un message de paix à l'empereur du Maroc ainsi qu'aux Britanniques, bien implantés sur le plan commercial, dans le pays[122]. Cette ambassade doit clore plusieurs dossiers épineux, dus à la conquête de l'Algérie par la France. Sa mission sera une réussite : Mornay enverra le 4 avril 1832, une lettre déclarant au général en chef de l'état-major d'Alger, Savary, duc de Rovigo, que le Maroc abandonne ses visées sur la région de Tlemcen et d'Oran, promet de rester neutre et de retirer ses troupes de l'Algérie[123].

C'est dans un premier temps, Eugène Isabey, qui avait été pressenti, pour se joindre à la mission diplomatique en Afrique du Nord[124]. Or, le peintre revenu depuis peu d'Alger, s'était désisté. C'est par conséquent Delacroix qui sera choisi pour accompagner la mission, à ses frais[124]. Le peintre ne connaissait le comte de Mornay que depuis la fin de l'année 1831 et grâce à l'entremise de Mademoiselle Mars, maîtresse officiel de Mornay, de Charles-Edmond Duponchel, directeur de l'opéra et ami de la comédienne, et certainement d'Armand Bertin, directeur du Journal des Débats[125]. Mornay et Delacroix dînèrent ensemble à la Saint-Sylvestre[126], en compagnie de la comédienne[127].

Le départ, prévu le lendemain vers 3 heures du matin, eut lieu Rue de la Tour-des-Dames[128] en berline jusqu'à Toulon où avait été appareillée une corvette-aviso de 18 canons, commandée par le capitaine de frégate Ange-François Jouglas. La Perle quitte Toulon le 11 janvier 1832[129], longe les côtes de Minorque, Majorque, Malaga et celles du royaume de Grenade, passe près de Solobrena et de Motril en Espagne, s'arrête à Algésiras pour le ravitaillement et mouille devant Tanger, le 24 janvier 1832 à 8 heures[130]. Durant la traversée Delacroix exécute une vue de la côte de Solobrena et un effet de soleil couchant sur la mer, au pastel, et près de Gibraltar où le bateau n'a pu faire escale à cause d'une épidémie de choléra, une aquarelle (au Louvre), intitulée Côte d'Afrique, détroit de Gibraltar.

C'est Jacques-Denis Delaporte, consul de France à Tanger qui les accueille, et se charge des formalités de débarquement[131] et de la mise au point du protocole de réception, par les autorités de la ville. Ce n'est que le lendemain que Mornay et ses collaborateurs débarquent, pour s'installer à la Maison de France. Profitant d'un intermède, Delacroix se promène dans Tanger un carnet à la main.

Bien que Mornay soit accompagné par Antoine-Jérôme Desgranges (1784-1864), interprète du roi, il ne peu s'opposer à ce qu'Abraham Benchimol se joigne à eux : le protocole voulant qu'un européen ne puisse pas s'adresser directement à l'empereur et que seul un juif y soit autorisé[132]. Quant à Delacroix, sans préjugés vis à vis des juifs et particulièrement intéressé par leur communauté, il se lie d'amitié avec le drogman, au service du consulat depuis 1820, et bénéficie ainsi du bon accueil de son entourage. Ce qui lui sert à croquer la nièce d'Abraham, Léditia Azencot, Saada, sa femme, et Presciadia et Rachel, ses files[133]. Grâce à Madame Delaporte, la femme du consul, il put aussi dessiner de jeunes musulmanes, particulièrement effarouchées par un étranger.

Eugène Delacroix, La Noce juive au Maroc, (1837-1841, Musée du Louvre).

L'entremise du drogman lui permet aussi d'assister à l'une des fêtes donnée lors d'une noce juive, le 21 février 1832. Il en a gardé des traces dans l'un de ses carnets à couverture cartonnée, nommée Album du Maroc (acquis par Le Musée du Louvre en 1983) [134]. L'ensemble des éléments récoltés (la tenue et l'attitude de certains participants) l'aideront ultérieurement à peindre La Noce juive au Maroc (1841, Musée du Louvre) [135]. Les deux évènements notables auxquels Delacroix put participer lors de ce voyage, sont cette noce et l'entrevue avec l'empereur à Meknès.

La prochaine étape de cette mission diplomatique était l'entrevue avec Moulay Abd er-Rahman. Mornay envoya un courrier à Meknès pour demander l'autorisation de le rencontrer. Le 3 février 1832, correspondant à l'année 1248 de l'Hégire, est proclamé le début du Ramadan qui se termine par la fête de l'Aïd es-Sghir, le 4 mars 1832[136]. Pendant cette période sacrée de jeûne et de prières, le commandeur des croyants ne pouvait les recevoir. De plus, le décès de Moulay Meimoun, frère du souverain, retarde toujours le départ de la mission[137]. Cette longue attente de 42 jours[138] permit de calmer les partisans d'un discret soutien aux chefs algériens et de modérer les exigences de la diplomatie française. Ce n'est que le 3 mars que l'autorisation du souverain est donnée et le lundi 5 mars que la mission part de Tanger pour Meknès[139].


Eugène Delacroix, Album du Maroc (Musée du Louvre).

Le voyage que Delacroix a effectué en Afrique du Nord de fin janvier à juillet 1832 est essentiel pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant le journal de son voyage, dont il ne reste plus que quatre exemplaires (trois sont conservés au Musée du Louvre et un, au Musée Condé de Chantilly) et quelques 800 feuilles[140]. Ils permettent de suivre pas à pas le périple africain du peintre. Il a peint en tout plus de quatre-vingt peintures[141] sur des thèmes orientaux, surtout Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834, Musée du Louvre) , La Noce juive au Maroc (1841, Musée du Louvre) , Le Sultan du Maroc (1845, Musée Fabre de Montpellier) .

Ce voyage permettait à Delacroix, qui n'avait jamais été en Italie, de retrouver «l'Antiquité vivante». La lettre, qu'il adresse à jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est particulièrement éloquente à ce sujet : «Imagine mon ami ce que c'est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l'air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde…»[142].


Les années de synthèse

Les Femmes d'Alger dans leur appartement
Eugène Delacroix - Les Femmes d'Alger.jpg

Eugène Delacroix, 1834
Huile sur toile
180 × 229 cm
Musée du Louvre, Paris

D'autre part, grâce à un voyage en Afrique du Nord, il fut l'un des premiers artistes à aller peindre l'Orient selon nature, ce qui valut, hormis de très nombreux croquis et aquarelles, quelques belles toiles de la veine des Femmes d'Alger dans leur appartement. Ce tableau est à la fois orientaliste et romantique, l'orientalisme étant caractéristique des artistes et écrivains au XIXe siècle. Delacroix aurait été le premier à voir l'intérieur d'un harem . Bien entendu, il n'a pas eu temps de faire une esquisse. Il a dû recomposer la scène avec son imagination, une fois de retour à son atelier. Ce qui frappe dans ce tableau, c'est la manière dont la lumière est représentée. C'est une lumière logique (elle vient d'une fenêtre. On ne représente plus la lumière comme elle devrait être mais comme elle est . Ce tableau a inspiré Femmes d'Alger à Picasso et donne son nom à un recueil de nouvelles d'Assia Djebar.

Les premiers grands ensembles décoratifs

Eugène Delacroix, ‘'Salon du Roi au Palais Bourbon (1833-1838) ''.

C'est le 31 août 1833 que Thiers, ministre des Travaux Publics de l'époque, confia à Delacroix, sa première grande décoration : celle du Salon du Roi ou Salle du Trône, au Palais Bourbon (actuel Chambre des députés). Cette commande lui fut réglée : 35 000 francs. Cet ensemble se compose d'un plafond, avec une verrière centrale entourée de huit caissons (quatre grands et quatre petits), de quatre frises localisées au-dessus des portes et fenêtres, et de huit pilastres[143]. Il fut peint à l'huile, sur toiles marouflées, et les frises à l'huile ainsi qu'à la cire, directement sur le mur afin d'obtenir une matité plus proche de la détrempe. Les pilastres furent peintes elles-aussi sur les murs, en adoptant la même technique, mais en grisaille[144]. Cette commande fut terminée au début de 1838 et réalisée sans collaborateurs, excepté des ornemanistes pour les décors dorés, surtout Charles Cicéri (1782-1868), peintre décorateur et aquarelliste, qui se fit connaître au Salon de 1827, en exposant des aquarelles[145].

Dans les quatre caissons principaux, il a représenté quatre figures allégoriques symbolisant pour lui, les forces vives de l'État : la Justice, l'Agriculture, l'Industrie et le Commerce, et la Guerre[146]. Les quatre plus petits, disposés aux quatre angles de la pièce, entre les caissons principaux, sont couverts de figures d'enfants[147], avec des attributs, comme :

Dans les trumeaux allongés, séparant les fenêtres et les portes, ont été peints en grisaille, les principaux fleuves de France la Loire, le Rhin, la Seine, le Rhône, la Garonne et la Saône). L'Océan et la Méditerranée, cadre naturel du pays, ont été positionnés des deux côtés du trône[148]. Son travail fut bien accueilli par les critiques, qui, dans leur ensemble, lui reconnurent les talents d'un grand décorateur, à l'égal d'un Primatice ou d'un Rosso. Pour eux, Delacroix avait su allier intelligence et culture, en choisissant des thèmes adaptés à l'espace et au volume[149] du lieu à décorer. La Salle du Trône (aujourd'hui nommé salon Delacroix), où le roi se rendait pour inaugurer les sessions parlementaires, était effectivement une pièce ingrate à décorer, de format carré, d'environ 11 mètres de côté et qu'il dut faire aménager.

Les dernières années

Les derniers grands ensembles décoratifs

La consécration

Tant que la demande des collectionneurs reste minoritaire, sa carrière dépend du mécénat officiel. Il y a les acquisitions directes effectuées le plus souvent sur les fonds privés du souverain. Pour se concilier les faveurs du pouvoir, il fréquente l'ensemble des cercles politiques à la mode et ne refuse jamais une visite pouvant s'avérer fructueuse.

Bien que trouvant des appuis auprès de la presse, des revues d'art et de certains critiques de l'époque (Théophile Gautier et Charles Baudelaire seront de constants soutiens), son génie ne sera que tardivement reconnu par les milieux officiels de la peinture. Il ne triomphera qu'en 1855 à l'Exposition Universelle et ne sera élu à l'Institut de France qu'en 1857, après sept candidatures infructueuses.

Delacroix devient, lors de l'exposition universelle de 1855, l'homme qui sut dépasser la formation classique pour renouveler la peinture. À sa mort, les artistes contemporains lui rendirent de vibrants hommages, surtout Gustave Courbet. Authentique génie, il a laissé de nombreuses œuvres engagées qui étaient fréquemment en rapport avec l'actualité (Les massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple). Il exécuta aussi nombre de tableaux à thèmes religieux (crucifixion, La Lutte de Jacob avec l'Ange, le Christ sur le lac de Génésareth, etc. ), quoiqu'il se soit quelquefois déclaré athée. Sur l'ensemble des terrains de son époque, il reste le symbole le plus éclatant de la peinture romantique.

En 1930, pour le centenaire du romantisme, Élie Faure apporte cependant des mises au points sur ce terme attribué à Delacroix[150]. Delacroix est , selon lui, plus classique que Ingres : «Il est aisé de montrer qu'Ingres, par ses déformations plus arbitraires qu'expressives et son peu d'intelligence de l'ordre rationnel d'une composition, est à la fois plus romantique et moins classique en dépit de ses qualités réalistes et sensuelles que Delacroix, Barye ou Daumier[151]». La définition du mot «romantique» en peinture devant être élargie, toujours selon Élie Faure : «Les plus grands de nos classiques sont des romantiques avant la lettre, comme les bâtisseurs de cathédrales l'étaient quatre ou cinq siècles aupraravant. Ainsi qu'à mesure que les temps s'éloignent, on s'aperçoit que Stendhal, Charles Baudelaire, Barye, Balzac, Delacroix prennent naturellement place auprès d'eux. Le romantisme, en vérité, pourrait n'être réduit à se définir que par l'excès de la saillie, qui est le principe de l'art-même et de la peinture avant tout. Mais où débute cet excès, où cesse-t-il ? Avec le génie précisément. Ce serait par conséquent les mauvais romantiques qui définiraient le romantisme[151]

L'influence de Delacroix

L'œuvre de Delacroix inspirera nombre de peintres, tel Vincent Van Gogh. Ses tableaux témoignent en effet d'une grande maîtrise de la couleur.

Le petit-fils adultérin de Talleyrand, le duc de Morny, président du corps législatif et demi-frère utérin de Napoléon III, fit de Delacroix le peintre officiel du Second Empire, quoique l'empereur lui préférât Winterhalter et Meissonnier. À la chute du Second empire, époque où la génétique en était à ses balbutiements, cette caractéristique physique forma un argument pour les amis et les admirateurs de Delacroix pour lui éviter la disgrâce posthume d'avoir appartenu à la clique impériale.

Delacroix et la gravure

''Eugène Delacroix : Faust de Gœthe''

En 1827, l'éditeur et lithographe Charles Motte le persuade d'illustrer la première édition française du Faust de Johann Wolfgang von Gœthe, lui-même se chargeant de lithographier les planches et de les colorier à l'aquarelle.

Delacroix et le dessin

Delacroix et la peinture d'histoire

Les thèmes littéraires

La plupart des œuvres de Delacroix sont d'inspiration littéraire. Il en était déjà ainsi de sa La Barque de Dante. Il en sera de même de son Sardanapale[152], inspiré d'un poème de Byron ; il en sera aussi ainsi de sa Barque de don Juan, tiré d'un autre poème de Byron, et il en sera toujours ainsi de quantité d'autres peintures qui sortent tout droit des œuvres de Shakespeare, de Gœthe ou d'autres écrivains, surtout Walter Scott, Dante et Victor Hugo. Les "Pirates africains enlevant une jeune femme", au Louvre, seraient probablement inspirés par une de ses Orientales (la Chanson du Pirate).

Les thèmes religieux

Membre fondateur de la Société Nationale des Beaux-Arts

Eugène Delacroix participa à la création, en 1862, de la Société Nationale des Beaux-Arts mais laissa son ami, le romancier Théophile Gautier (qui l'a fait connaître dans le cénacle romantique), en devenir le président avec le peintre Aimé Millet comme vice-président. En plus de Delacroix, le comité était composé des peintres Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Pierre Puvis de Chavannes et parmi les exposants se trouvaient Léon Bonnat, Jean-Baptiste Carpeaux, Charles-François Daubigny, Laura Fredducci, Gustave Doré et Edouard Manet. En 1864, juste après la mort de Delacroix, la société organisa une exposition rétrospective de 248 peintures et lithographies de ce célèbre peintre et «step-uncle» de l'empereur.

Le journal de Eugène Delacroix

Débuté en 1822, interrompu en 1824, repris en 1847 jusqu'en 1863 à sa mort, le journal intime de Delacroix est le chef d'œuvre littéraire du peintre. Il y note ses réflexions sur la peinture, la poésie ou la musique. Il y consigne ses discussions avec George Sand, Chopin, Chabrier… C'est un témoignage au jour le jour non seulement sur la vie du peintre, de ses inquiétudes mais également de la vie parisienne au milieu du XIXe siècle. La première édition du Journal de Delacroix est parue chez Plon en 1893. On doit aussi à Delacroix un dictionnaire sur les Beaux-Arts et des articles sur la peinture.

Ateliers

Delacroix travailla longtemps dans son premier atelier de la rue Notre Dame de Lorette, à Paris. En 1857, pour se rapprocher de l'église Saint-Sulpice dont il avait été chargé en 1847 de décorer une chapelle, il rejoignit l'Atelier de la rue Furstenberg. Célèbre adresse où se succèderont Frédéric Bazille, Claude Monet, ou encore Diogène Maillart, élève de Delacroix et Grand Prix de Rome en 1864.

L'endroit, 6 rue de Furstenberg Paris 6e, est actuellement le musée national Eugène Delacroix.

Les œuvres de Delacroix

Les peintures

De 1819 à 1821

De 1822 à 1824

De 1825 à 1832

De 1833 à 1839

De 1840 à 1846

De 1847 à 1853

De 1854 à 1863

Les gravures

Les lithographies

Objets d'usage courant

Plusieurs œuvres d'Eugène Delacroix ont servi à des objets français d'usage courant :

Bibliographie

Correspondance

Œuvres critiques

Généalogie cognatique et collatéraux

La grand-mère de Delacroix, Françoise Vandercruse était la sœur du célèbre ébéniste Roger Vandercruse. Elle épousa, en première noces, l'ébéniste Jan-François Œben, puis à la mort de ce dernier, elle s'unit avec Jean-Henri Riesener, élève de son premier époux.

Voir aussi

Liens externes

Notes

  1. p 14 de Delacroix, "Une fête pour l'œil", par Arlette Sérullaz et Annick Doutriaux
  2. p 49 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  3. p 42 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 d'avril 2008
  4. p 5 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 de mai 2007
  5. p 25 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  6. p 29-30 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  7. p 30 dela biographie de Delacroix, par Maurice de Sérullaz
  8. p 3 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 de mai 2007
  9. p 3 du Bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 de mai 2007
  10. p 4 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 de mai 2007
  11. p 28 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  12. Du grec sarkos, chair et de kêlê, tumeur
  13. bulletin de la Société Française d'histoire de la médecine, 1932 no 26 (Réf 464 : M. Genty, le chirurgien Ange-Imbert Delonnes et l'opération de Charles Delacroix) du 2 avril 1932, consultable sur le site de Bibliothèque interuniversitaire de médecine de Paris (BIUM)
  14. Désormais décédé, ex-inspecteur général honoraire des Musées et ex-conservateur en chel honoraire du Cabinet des dessins au Musée du Louvre et du Musée Eugène Delacroix, ex-professseur à l'Ecole du Louvre ainsi qu'aux cours de Civilisation française de la Sorbonne
  15. p 28 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  16. p 203 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  17. p 705 de la biographie de Talleyrand par Jean Orieux
  18. p50 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  19. p30 de la biographie de Delacroix par Maurice Sérullaz
  20. p 50 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz et p 17 de Delacroix, "Une fête pour l'œil", par Arlette Sérullaz et Annick Douriaux
  21. p 17 de Delacroix, Une fête pour l'œil, par Arlette Sérullaz et Annick Doutriaux
  22. p 51 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  23. p 12 du bestiaire d'Eugène Delacroix, par Arlette Sérullaz et Edwart Vignot, et p 43 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  24. p 2 du Bulletin de la Société des Amis du Musée Eugène Delacroix, n°6 d'avril 2008
  25. p 54 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  26. p 63 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  27. p 64 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  28. p 13 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 d'avril 2008
  29. p 20 de Dante et Vrgile, par Sébastien Allard
  30. p 28 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 avril 2008
  31. p 102-103 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  32. p 111 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  33. p 17 du Siècle d'or de l'aquarelle anglaise, par Gérald Bauer
  34. p 72 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  35. p 26 du Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  36. p 66 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz et p 25 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  37. p 66 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  38. p 2 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 avril 2008
  39. p 77 de la biographie de Delacroix par Maurice Sérullaz
  40. p 29 de Delacroix, "une fête pour l'œil", par Arlette Sérullaz et Annick Doutriaux
  41. p 78 de la biographie de Delacroix par Maurice Sérullaz
  42. p 13 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  43. p 23 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  44. p 23 du Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  45. p 41 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  46. p 36 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  47. p 30 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  48. p 67 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  49. p 89 de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  50. p 83 de la Biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  51. p 20 du bestiaire d'Eugène Delacroix, par Arlette Sérullaz et Edwart Vignot
  52. p 27 du bestiaire d'Eugène Delacroix, par Arlette Sérullaz et Edwart Vignot
  53. P 41 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  54. p 42 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  55. p 21 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  56. p 95 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  57. p 40 de Delacroix, Le Voyage au Maroc, ouvrage collectif
  58. p 43 de Delacroix, Le Voyage au Maroc, ouvrage collectif
  59. p 94 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz et p 44 de Delacroix, Le Voyage au Maroc
  60. p 44 de Delacroix, Le Voyage au Maroc
  61. p 94 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  62. p 39 Delacroix, Le Voyage au Maroc
  63. p 95 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  64. p 43 Delacroix, Le Voyage au Maroc
  65. p 10 de La Barque de Dante et Virgile aux Enfers, par Sébastien Allard
  66. p 93 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  67. p 93 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  68. p 102 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  69. p 27 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 avril 2008
  70. p 18 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°6 avril 2008
  71. p 106 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  72. p 107 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  73. p 107 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  74. p 108 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  75. p 108 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  76. p 52-53 de la Monographie de La Mort de Sardanapale, par Vincent Pomarède
  77. p 53 de la Monographie de La Mort de Sardanapale, par Vincent Pomarède
  78. p 113-114 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  79. p 61-62 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  80. p 54 de la monographie de La Mort de Sardanapale, par Vincent Pomarède
  81. p 112-13 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  82. p 120 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  83. p 24 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  84. p 121 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  85. p 23 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  86. p 122 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  87. p 120 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  88. p 32 du bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 mai 2007
  89. p 48 de "Delacroix, une fête pour l'œil", par Arlette Sérullaz et Annick Doutriaux
  90. p 122 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  91. p 128 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  92. p 25 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  93. p 130 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  94. p 131 de biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  95. p 68 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  96. p 131 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  97. p 131 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  98. p 130 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  99. p 133 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  100. p56 de la monographie de La Liberté guidant du peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  101. p 133 de la biographie de Delacroix, par Maurice Séraullaz
  102. p 134 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  103. p 57 de la monographie de La Liberté guidant du peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  104. p 48 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  105. p 19 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  106. p 20 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  107. p 68 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  108. p 48 bulletin de la Société des Amis du Musée National Eugène Delacroix, n°5 mai 2008
  109. p 134 de la biographie de Delacroix, par Maurice Delacroix
  110. p 49 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  111. p 14 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  112. p 14 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  113. p 134 de la biographie de Delacroix, par Maurice Delacroix
  114. p 51 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  115. p 52 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  116. p 135 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  117. p 58 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  118. p 57 de la monographie de La Liberté guidant le peuple, par Arlette Sérullaz et Vincent Pomarède
  119. p 136 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  120. p 3 du dictionnaire Le Petit Robert des noms propres
  121. p 56 de Delacroix, le voyage au Maroc
  122. p 66 de Delacroix, Le voyage au Maroc
  123. p 7 de la monographie des Femmes d'Alger dans leur appartement, par Malika Dorbani Bouabdellah
  124. p 142 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  125. p 141 et 142 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  126. p 58 de Delacroix, le voyage au Maroc
  127. p 56 de Delacroix, le voyage au Maroc
  128. p 58 de Delacroix, le voyage au Maroc
  129. p 143 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  130. p 143 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  131. p 143 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  132. p 70 de Delacroix, Le voyage au Maroc
  133. p 71 de Delacroix, Le voyage au Maroc
  134. p 27 du bulletin n°5 de la Société des amis du Musée Eugène Delacroix, de mai 2007.
  135. p 27 du bulletin n°5 de la Société des amis du Musée Eugène Delacroix, de mai 2007
  136. p 152 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  137. p 158 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  138. p 71 de Delacroix, Le Voyage au Maroc
  139. p 160 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  140. p 29 du bulletin n°5 de la Société des amis du Musée Eugène Delacroix de mai 2007
  141. p 29 du bulletin n°5 de la Société des amis du Musée Eugène Delacroix de mai 2007
  142. p 159 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  143. p 182 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  144. p 182 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  145. p 88 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  146. p 182-183 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  147. p 184-185 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  148. p 185 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  149. p 186 de la biographie de Delacroix, par Maurice Sérullaz
  150. Préface à Fernand Vallon, «Au Louvre avec Delacroix», éditions Artaud, Grenoble, 1930, p. 8
  151. Histoire de l'art, éditions Denoël, Paris, 1987, t. V, p. 167 (ISBN 2207100766)
  152. La Mort de Sardanapale (1827)  : Des accords chromatiques intenses, que Baudelaire décrit comme un "lac de sang" — quoique le sang n'y coule pas encore. Inspiré d'une pièce de Lord Byron, la fin de ce potentat légendaire d'Assyrie, descendant de Nemrod et de Sémiramis, dans un palais somptueux voué aux flammes sied bien à l'imaginaire romantique.

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