Le Bain turc

Le Bain turc est un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Cette œuvre présente une foule de femmes nues dans un harem.



Catégories :

Tableau d'Ingres - Œuvre conservée au Louvre - Orientalisme - Nu - Tableau du XIXe siècle

Le Bain turc
Dominique Ingres - Le Bain turc.jpg

Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1862
Peinture à l'huile
Huile sur bois
108 × 108 cm
Musée du Louvre, Paris

Le Bain turc est un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Cette œuvre présente une foule de femmes nues dans un harem. Le contenu érotique du tableau ne provoqua pas de scandale - contrairement au Déjeuner sur l'herbe de Manet (1863) - car il demeura longtemps dans des collections privées.

Histoire du tableau

Réalisation

C'est un vieillard de 82 ans qui signe ce tableau érotique en 1862 non sans une certaine malice, dans la mesure où il inscrit avec fierté ÆTATIS LXXXII (à l'âge de quatre-vingt deux ans). Quelques années plus tard - en 1867 - il déclare d'ailleurs qu'il ressent toujours «tout le feu d'un homme de trente ans»[1]. Rectangulaire à l'origine, ce n'est qu'en 1863 que le peintre lui donne la forme d'un tondo.

Pour réaliser ce tableau, Ingres n'a recours à aucun modèle, mais s'inspire des nombreux croquis et tableaux qu'il a réalisés au cours de sa carrière. On retrouve ainsi des figures de Baigneuses et d'Odalisques[2] qu'il dessinait ou peignait le plus fréquemment seules, sur un lit ou au bord d'un bassin. La figure la plus connue recopiée dans le tableau est La Baigneuse de Valpinçon , qui est reprise presque comme une copie conforme et forme l'élément central de la composition. De même, l'odalisque aux bras levés qui s'étire au premier plan fut peinte selon un croquis représentant la femme de l'artiste - Madeleine Chapelle (1782-1849) - réalisé en 1818. L'épaule droite de cette dernière est abaissée, tandis que son bras est relevé, incohérence anatomique dont l'artiste est coutumier (cf les trois vertèbres supplémentaires de La Grande Odalisque). Les autres corps sont superposés dans différents plans, aucun regard ne se croisant.

Postérité

Le premier acheteur du tableau - un parent de Napoléon III - le rendit au bout de quelques jours, sa femme le trouvant «peu convenable»[3]. Il est finalement acquis en 1865 par Khalil Bey, un ancien diplomate turc. Ce dernier l'ajouta à sa collection de peintures érotiques, qui contenait surtout L'Origine du monde de Courbet. Au début du XXe siècle, des mécènes voulurent offrir Le Bain turc au Musée du Louvre, mais le conseil du Musée refusa à deux occasions. C'est après une offre d'achat des collections nationales des musées de Munich que le Louvre l'accepta dans ses collections en 1911, grâce à un don de la Société des Amis du Louvre, à qui le mécène Maurice Fenaille prêta pour trois ans, sans intérêts, la somme de 150 000 Francs.

Edgar Degas demanda à ce que ce tableau soit présenté à l'exposition universelle. Il fut ensuite à l'origine de réactions contrastées : Paul Claudel alla jusqu'à le comparer à une «galette d'asticots»[4].

L'inspiration orientale

Ingres est marqué particulièrement tôt par le courant orientaliste, relancé lors de la campagne d'Égypte de Napoléon. En 1806, lorsqu'il part pour l'Italie, il recopie dans ses carnets un texte vantant les bains du sérail de Mohammed. On peut y lire une description du harem où on «passait dans une chambre entourée de sophas [... ] et c'était là que plusieurs femmes conçues pour cet emploi attendait la sultane au sortir du bain pour essuyer son beau corps et le frotter des plus douces essences ; c'est là qu'elle devait ensuite prendre un repos voluptueux»[5].

En 1825, il recopie un passage des «Lettres d'Orient» de Lady Mary Montagu intitulé Description du bain des femmes d'Andrinople. Cette femme de diplomate britannique avait accompagné son mari en 1716 dans l'Empire ottoman. Entre 1763 et 1857, les lettres de Lady Montagu furent rééditées huit fois en France et alimentèrent la fièvre orientaliste. «Je crois qu'il y avait en tout deux cents filles», indique Lady Montagu dans le passage recopié par Ingres. «De belles femmes nues dans des poses diverses... les unes conversant, les autres à leur ouvrage, d'autres toujours buvant du café ou dégustant un sorbet, et énormément étendues nonchalamment, alors que leurs esclaves (en général de ravissantes filles de dix-sept ou dix-huit ans) s'occupaient à natter leur chevelure avec fantaisie»[6].

Cependant, au contraire de Delacroix qui visita un harem algérien, Ingres ne voyagea jamais en Afrique ou au moyen-orient. Aussi les courtisanes représentées ont un teint plus européen qu'oriental. Le thème oriental est pour lui avant tout un prétexte pour représenter le nu féminin, dans une mise en scène passive et lascive. Les éléments exotiques sont rares dans la composition : des instruments de musique, quelques parures, un encensoir.

Annexes

Bibliographie

Lien externe

Références

  1. Selon Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre TASCHEN 2000, Köln, pages 410 à 415.  : Ingres cité dans Walter PACH, Ingres, New York 1973. p. 158.
  2. Les odalisques sont les esclaves blanches des harems. Voir aussi La Grande Odalisque.
  3. Anecdotes citées par Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre TASCHEN 2000, Köln, pages 410 à 415. p. 415.
  4. Anecdotes citées par Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre TASCHEN 2000, Köln, pages 410 à 415. p. 415.
  5. Selon Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre TASCHEN 2000, Köln, pages 410 à 415.  : extrait des carnets de voyage de Ingres cité dans Catalogue de l'exposition du Louvre : Le Bain turc d'Ingres, Paris 1971 pp. 4, 5
  6. Selon Rose-Marie & Rainer Hagen, Les dessous des chefs-d'œuvre TASCHEN 2000, Köln, pages 410 à 415.  : Lady Mary Montagu : L'islam au péril des femmes, une Anglaise en Turquie au XVIIe siècle, Paris 1981, pages 133 et suivantes

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